Nước, cela veut dire eau en Vietnamien.
Nước a été le premier mot que Bao a prononcé, à l’âge d’un an et demi, dans le bateau sur lequel lui et sa famille étaient à la dérive depuis plusieurs jours, sans vivres, sans moteur, sans eau potable, au moment même où un nuage, enfin, a déversé sa pluie tant espérée sur l’embarcation et a sauvé la vie des rescapés.
Nước fut le cri d’un enfant qui va “vivre”. C’est aussi aujourd’hui celui d’un artiste qui témoigne des nombreux enjeux géopolitiques, migratoires et écologiques liés à cette ressource indispensable à la planète, et autour de laquelle se profilent de nombreux conflits et menaces humanitaires. Il invite, dans la contemplation organique et poétique de son geste sensible, à nous re-saisir des liens intimes, naturels et ancestraux qui nous rattachent à notre environnement.
Nước, cela veut également dire pays en Vietnamien.
Nước désigne dans un même temps ce qui sépare et ce qui est séparé, les océans qui isolent et tiennent éloignés les pays les uns des autres, les peuples et leurs cultures. Mais l’eau de ces mers est ce qui permet aussi de se rejoindre, de se retrouver, de faire le chemin l’un vers l’autre. Devant elle, chacun doit trouver le courage nécessaire pour avancer malgré les vagues, les tempêtes, et vaincre la distance à franchir qui le sépare encore de la rive, du repos, d’un pays nouveau.
Par la force évocatrice de ses toiles, Bao nous rappelle que si la mer semble en effet diviser le monde en plusieurs parties, elle est ce qui réunit les hommes, dans leur ressemblance face aux difficultés de l’existence et leur volonté à les surmonter.
Il nous dit en peignant : “Quand je m’identifie à l’océan, je sais que je ne peux pas me noyer”.