Sans d'encre, sans d'âme: Exposition en duo de Jiang Wenbin et Florian Sông Nguyen

6 Février - 1 Mars 2025

Dans l’art, la littérature ou la philosophie asiatique, l’errance ne se résume pas à un simple déplacement géographique. Elle incarne un mouvement intérieur, un décentrement où l’individu se confronte à l’inconnu, à l’autre et à un soi en perpétuelle recomposition. Ce voyage est parfois choisi, parfois imposé.

 

L’errance trouve ses racines dans des phénomènes sociaux tels que l’exil, le bannissement ou la dérive. Cependant, elle prend aussi des dimensions plus subtiles, plus profondes, souvent intérieures, qui transforment le voyage en quête de sens. Elle devient ainsi un processus initiatique, un cheminement où chaque détour est une occasion de redéfinir son rapport au monde, à l’autre et à soi-même.

 

Le dialogue entre les œuvres de Florian Sông Nguyen et Jiang Wenbin reflète parfaitement ces multiples dimensions de l’errance. Il révèle un contraste saisissant entre les noirs et blancs épurés de l’encre chez Nguyen et les couleurs riches et vibrantes de la peinture à l’huile chez Wenbin. Ce contraste esthétique met en lumière leurs univers respectifs tout en approfondissant la réflexion sur l’errance identitaire, influencée par les trajectoires plurinationales de chacun.

 

Chez Florian Sông Nguyen, l’encre, avec sa sobriété et sa fluidité, agit comme un médium introspectif. Elle traduit une quête intérieure, un effort de capturer des fragments de mémoire et des récits sensibles. Le noir et blanc épuré ouvre un espace de contemplation où l’identité se cherche et se recompose à travers des formes minimalistes et évocatrices.

 

En contraste, les œuvres de Jiang Wenbin déploient une richesse chromatique et une intensité visuelle qui évoquent un monde en perpétuelle transformation. La peinture à l’huile, avec sa texture et ses nuances éclatantes, devient un terrain où l’errance se vit comme une immersion sensorielle. Ces couleurs vibrantes traduisent une vision éclatée de l’espace, où la réalité est réinterprétée à travers des prismes culturels multiples.

 

Ce dialogue esthétique et conceptuel, entre l’introspection minimaliste de Nguyen et l’explosion chromatique de Wenbin, tisse une réflexion sur les notions de frontière, de mémoire et d’appartenance. Ensemble, leurs œuvres incarnent l’errance comme exploration, création et transformation, tout en invitant le spectateur à naviguer entre ces pôles pour questionner son rapport au monde et à lui-même.