ETSU EGAMI: Social Distancing

29 Mai - 19 Juin 2021

A2Z Art Gallery est fière et heureuse de présenter Social Distancing, la première exposition personnelle d’Egami Etsu à Paris.

Après des études internationales à l’Académie Centrale des Beaux-Arts de Pékin (CAFA) et à l'Université des arts et du design de Karlsruhe (HfG), l’artiste japonaise Egami Etsu s’est focalisée sur l’observation des sociétés, ce qui lui a permis de faire le constat que « les humains communiquent entre eux, non pas pour se rapprocher, mais plutôt pour évaluer leurs distances ». Depuis la nuit des temps et particulièrement dans le présent de la crise du Covid 19, la communication se complexifie au vu de la diversité des échanges humains. Entre virtualité et réalité, les sentiments de distanciation sociale et d’incertitude ont émergé de part et d’autre du globe.

Ayant grandi à la marge de cultures et de langues multiples, Egami Etsu explore les barrières de la communication, depuis son essence jusqu’à son processus, qu’elle appelle le « jeu des malentendus ». Comme le rapporte Julie Champion, attachée de conservation au Centre Pompidou, « ce qu'il y a de beau dans ses œuvres, c'est qu'elle voit toutes ces spécificités comme une source, non seulement de malentendus, mais aussi de création et de richesse dans les relations des gens ».

Oscillant entre abstraction et figuration, Egami Etsu modélise des portraits paysagés selon une construction de lignes horizontales, verticales et sinueuses. Pour elle, le portrait n’est pas un objet mais plutôt la matérialisation du son, de la voix et du faciès des gens. Pour créer, l’artiste dit voir avec ses oreilles et entendre avec ses yeux. En jonglant entre les deux méthodes de communication (son et lumière), Egami Etsu capture par la peinture l’instant d’une beauté éphémère et juste.


Pour reprendre les termes de Nobuyuki Senzoku, Directeur du Musée préfectoral d'art d’Hiroshima (Japon), Egami Etsu saisit la « beauté variante » des gens réfugiée entre les standards de beauté universelle et le grotesque. En partant d’esquisses retravaillées les unes après les autres pour saisir l’attitude, le regard, la profondeur d’esprit ou l’émotion de silhouettes passantes, Etsu s’inspire du concept philosophique japonais "Ichigo ichie" pour nous inviter à mieux apprécier l’instant présent, être plus à l'écoute des petits instants de bonheur du quotidien et, enfin, être plus connectés à ceux qui nous sont proches. 


Ce bonheur se matérialise dans cette nouvelle série par le choix des couleurs tirées du motif de l’arc-en-ciel, symbole de rêve et d’espoir. Selon Kuang-Yi CHEN, Président du Département des Beaux-Arts de l'Université nationale des Arts de Taiwan, « l’arc-en-ciel se révèle dans l'inconscience du peintre et la méconnaissance du public, ce qui est aussi un malentendu délicat ». En glissant le long des poils de ses pinceaux, la matière picturale est relâchée dans un geste réfléchi et instantané pour voir apparaitre des bandes richement colorées. Se juxtaposant les unes aux autres, chaque bande est séparée par de petits espaces blancs représentant métaphoriquement, selon le critique d’art Owen Duffy, la frontière du langage et les différences de culture.

Dans notre société contemporaine où les technologies modernes nous plongent dans les crises de la vitesse et de l’urgence, Egami Etsu ne peindrait-elle pas alors pour nous tendre la main aux vues de nous reconnecter à l’essentiel et atténuer les frontières de la distanciation sociale ?