ZHANG WEI, WAHIB CHEHATA: La photographie, autrement...

Que pouvons-nous attendre de nos jours d’un artiste s’exprimant au travers de la photographie ?

Ce médium permet de révéler la sensibilité de l’artiste au travers de son regard et de sa manière de dévoiler toute la puissance d’une image. Depuis que la photographie existe, l’évolution technologique a ouvert un champ de plus en plus large d’expression. Pour cette exposition, deux artistes ont poussé l’expérience jusqu’à annihiler les frontières des techniques artistiques, traitant la photographie comme sculpture avec Zhang Wei ou comme peinture pour Wahib Chehata.

Reconnu chacun pour leur travail d’extrême précision, ces deux artistes nous proposent de découvrir la photographie autrement.

Pour Zhang Wei, utiliser le détail de différentes personnes pour recréer le portrait de célébrités relève de la chirurgie photographique. Tel un sculpteur, il modèle et assemble ses figures, car ici il ne s’agit pas de sosies mais bel et bien de Frankenstein contemporains. Mobiliser tous ces détails nécessite une concentration extrême et une parfaite connaissance des traits de ses sujets. Ce travail nous amène à nous poser des questions sur l’idolâtrie en terme d’esthétique. Connaissons-nous réellement toutes ces stars que nous ne voyons qu’en photo ou sur écran ? Au final, maquillées ou retouchées ces personnalités nous donnent simplement des semblants de familiarité. Par la composition même de chacun de ces portraits, l’artiste nous montre que s’ils existent ce n’est finalement que grâce à leur public.

Quant à Wahib Chehata, une vie ne suffirait pas à assouvir ses besoins de création et sa force de travail n’a d’égal que le respect qu’il a pour ses maitres. L’univers de cet artiste reflète l’évolution de notre société en se basant sur différentes mythologies. Avec un outil contemporain qui est la palette graphique, Wahib ouvre de nouveaux champs dans la manière de percevoir une peinture. En effet, le support photographique respecte ici toutes les exigences liées aux oeuvres peintes.

Le discours de Wahib, pour cette exposition, rentre en écho avec celui de Zhang Wei dans sa manière de traiter ses sujets, une fois en macro puis une autre en monumental pour revenir sur l’humain. Ses mouvements mettent à mal le public et le poussent à faire un voyage introspectif.

Fondée sur une même réflexion partagée par Wahib Chehata et Zhang Wei, cette exposition montre deux voies différentes d’attirer l’attention sur la place de l’homme dans notre société en passant par un outil informatique connu de tous mais en exploitant ses capacités à l’extrême.

——Anthony Phuong